ALBERT DESALVO : L'Etrangleur de Boston

 Albert DeSalvo défraie la chronique dans les années 60, ce bon père de famille surnommé par la presse américaine "L'Etrangleur de Boston". Entre 1962 et 1964, ce manutentionnaire aurait violé et assassiné 13 femmes à leur domicile. Il ne sera jamais jugé pour ces crimes, malgré sa probable culpabilité. Arrêté dans une autre affaire, pour des viols et des agressions sexuelles, il avoue spontanément sa culpabilité pour les 13 meurtres de Boston mais, faute de preuve, ils ne pourront lui être attribués. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour viol, il est mystérieusement assassiné dans sa cellule en 1973.

https://www.dossierscriminels.online/2020/08/albert-desalvo-letrangleur-de-boston.html

La situation familiale d’Albert DeSalvo est désastreuse. Son père, un alcoolique très violent envers sa femme et ses 5 enfants, est, de plus, incestueux avec ses filles. Il vendit même Albert et ses 2 sœurs à un fermier du Maine pour 9 dollars et leur mère mit des mois à les retrouver. Celle-ci justement, à l'inverse de son mari, a un faible tempérament et semble presque effacée, totalement indifférente à ce qui se passe au sein même de son foyer.

Depuis ses 5 ans, le jeune Albert est initié à la vie sexuelle par sa soeur Anne et par l'exemple de son père qui introduit dans la maison des prostituées, sous les yeux des enfants. La famille est pauvre et leur vie ne devenait agréable que lorsque le père d'Albert était en prison.                                                                                                                   

Toute sa vie, Albert DeSalvo cherchera l'affection qui lui a tant manqué durant son enfance. Elève consciencieux, très serviable, cherchant à tout prix une quelconque reconnaissance, il commet cependant des petits larcins et des actes de cruauté envers les animaux. Il sera d'ailleurs condamné au jeune âge de 12 ans pour attentat à la pudeur sur une fillette de 9 ans, ne pouvant résister, selon lui, à certaines pulsions sexuelles qui ne le quittent pas.

A sa sortie de prison, il s’engage dans l’Armée, le 3 septembre 1948. Il a 17 ans et ment sur son âge pour s'engager. Il veut absolument partir et "devenir le meilleur soldat possible". L’Armée lui offre les notions qui lui avaient manquées: la stabilité, le respect et la discipline. C'est l'époque la plus heureuse de sa vie, il est enfin estimé et entouré de personnes qui croient en lui.

Durant cette période, il rencontre celle qui deviendra son épouse, Irmgard Beck, une belle jeune femme brune issue d’une famille luthérienne stricte et respectée. Il a 22 ans et cesse de s’intéresser aux autres femmes. Tout semble indiquer que sa vie va définitivement changer. Sa femme lui donne 2 enfants, une petite fille d'abord, qui naît avec un handicap physique important: une malformation pelvienne congénitale.

Ce problème eut un fort impact sur la vie de famille du couple car son épouse est terrifiée à l’idée que leur second enfant puisse être lui aussi affligé d’un handicap physique. Elle fait alors tout pour éviter d’avoir des rapports sexuels avec De Salvo qui, de son côté, a un appétit sexuel anormalement développé. Un deuxième enfant naîtra finalement, sans aucune malformation. Hélas, malgré une vie apparemment stable, nourrie de l'affection de sa femme et de ses enfants, Albert ne peut freiner ses pulsions criminelles.
 

PANIQUE À BOSTON

Boston, juin 1962: la ville applaudit Alan B. Sheppard, le premier astronaute du pays. Non loin de la foule en liesse, une femme de 55 ans est étranglée dans des conditions atroces, son appartement mis à sac sans que rien n’ait été volé. L’enquête de la police s’annonce difficile.

A la fin du même mois, 2 autres femmes âgées sont tuées d’une manière identique, 2 autres suivront, au mois d’août. S’agit-il d’un serial killer s’attaquant aux vieilles dames? Il n’en est rien: en décembre, les victimes sont 2 jeunes filles. L'affaire de l'Etrangleur de Boston commence...

13 femmes seront ainsi assassinées. Aucun lien ne sera établi entre les victimes, malgré les efforts vains des enquêteurs. Par ailleurs, la différence entre les profils de différentes femmes agressées sème le doute, la police aurait-elle à faire à 2 tueurs? En effet, les victimes se répartissaient en 2 catégories distinctes. Des femmes d'âge mûr, agressées semble t-il par un homme qui ne se livrait qu'à un simulacre d'acte sexuel et des jeunes femmes qui étaient abusées par un violeur "normal".

  La panique s’empare de Boston. Les habitants ne croient pas à la thèse des 2 assassins et enrage contre l'inefficacité des forces de l'ordre. Les journaux titrent tous sur les meurtres, surnommant l’assassin, tantôt "l’Étrangleur Fou", "Le Tueur du Soir" ou encore"l’Étrangleur Fantôme". La peur paralyse la vie quotidienne des Bostoniens.

Des policiers et des psychiatres se réunirent pour tenter de dresser un profil précis de l’assassin. Pour la majorité des psychiatres, le tueur n’était pas un fou éructant la bave aux lèvres, mais un homme d’apparence banale, ayant un travail quotidien et bien intégré dans la vie sociale, qui a pourtant des problèmes psychologiques.

Le profiling (ou profilage criminel) commence d'abord par une étude minutieuse de tout le dossier criminel. Ces analystes vont s'intéresser à tout ce qui peut distinguer l'assassin, dans le but de le démasquer. Ainsi, ils doivent tout particulièrement s'intéresser à d'éventuelles "signatures criminelles" qui reflètent ses fantasme set lui procurent un plaisir rituel. Albert de Salvo avait une signature particulière. En effet, il disposait les cadavres dans une position suggérant les jambes d'une grenouille, une malformation dont souffrait sa fille. Cet élément fut indispensable pour déterminer les motivations du tueur, et ainsi cerner davantage son profil psychologique.
 

ALBERT DESALVO ARRÊTÉ

Le tueur de Boston va finalement être appréhendé par hasard par les policiers, désespérés par le manque d'avancement de l'enquête. En mars 1964 commença une série d’agressions et de viols dans le Massachusetts, le Connecticut, le New Hampshire et Rhode Island. 25 plaintes furent déposées en moins de 8 mois, mais l’agresseur fit certainement bien plus de victimes.

Il était surnommé "L’homme en Vert" car il portait des vêtements de travail de cette couleur et se présentait comme un ouvrier chargé d’effectuer des réparations. Propre et très poli, il s’excusait souvent de ses actes auprès de ses victimes et s’en allait même parfois sans les toucher. Sa dernière victime avait pu voir son visage et établir un portrait-robot auprès des services police. Ce visage rappela tout de suite aux enquêteurs celui d'un homme arrêté plusieurs fois pour des délits divers. Son nom, Albert DeSalvo.

   Celui-ci fut donc interpellé pour une confrontation avec la jeune victime, qui le reconnut immédiatement. Il avoua alors être entré dans près de 400 appartements et avoir commis plusieurs viols. Il a, en effet, agressé plus de 300 femmes dans 4 états différents. Il est difficile de savoir si ces chiffres sont ou non exagérés.

 

UN COUPABLE PEU ORDINAIRE

Peu avant de passer en jugement, en novembre 1964, il avoua  à son avocat, Jon Asgiersson, sans aucune raison apparente et sans qu'aucun soupçon ne pèse sur lui dans cette affaire, être l’Étrangleur de Boston. Son avocat ne le prit pas au sérieux et De Salvo fut envoyé en institution psychatrique, où il confirma ses aveux. Il finit par être entendu par les enquêteurs au sujet des meurtres qu'il détaillait scrupuleusement. On le fit passer au détecteur de mensonge, ce qui confirma ses déclarations.

Néanmoins, en dépit de l’exactitude du récit de De Salvo et de son désir d’avouer ses crimes, la police ne possédait aucune preuve directe contre lui. L’Étrangleur n’avait pas laissé d’empreinte et les analyses d’ADN n’existaient malheureusement pas encore à l’époque. Comment, alors, prouver sa culpabilité de manière probante?

Un accord fut donc établi afin de le juger seulement pour la série de viols commis par "l'Homme en vert", sans évoquer les victimes de l'Étrangleur de Boston. Le procès débute donc le 7 janvier 1967. Sûr d'échapper à la peine capitale, il plaide la démence, attestée par plusieurs psychiatres venus témoigner. L’accusation affirma, quant à elle, que DeSalvo était un psychopathe qui feignait les symptômes d’une maladie mentale dans l’espoir d’être placé dans un établissement psychiatrique. Préférant cette hypothèse, les jurés le reconnurent coupable de viol et le condamnèrent à une peine de prison à perpétuité.

DeSalvo n'eût pas le temps d'endurer sa peine puisqu'il fut assassiné dans sa cellule, le 25 novembre 1973, poignardé à plusieurs reprises dans le cœur. Le directeur de la prison évoqua une bagarre et un trafic de drogue auquel DeSalvo aurait été mêlé.
On ne retrouva jamais son assassin.

Ainsi s'achève l'affaire DeSalvo, le présumé tueur en série, meurtrier de 13 femmes, que l'on a jugé pour viol...

Beaucoup croient encore à l'existence de 2 tueurs distincts. Certains même croient à l'innocence de DeSalvo... Toujours est-il que les victimes de l'Étrangleur ne seront jamais reconnues lors d'un procès officiel. DeSalvo a emporté son secret dans la tombe, sans que justice n'ait été faite.

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